Continental, un film sans fusil
Un homme débarque de l’autobus au milieu de nulle-part et s’aventure dans le bois. Sa femme (Marie-Ginette Guay) mettra les policiers à sa recherche. Un joueur conpulsif (Gilbert Sicotte) jongle avec ses problèmes. Un autre homme (Réal Bossé) commence un nouvel emploi et habite dans un hôtel où il fera la connaissance de la réceptionniste (Fanny Mallette).
Habituellement, un auteur-réalisateur qui tourne son premier long métrage ne s’acharne pas à le faire le plus plate possible. Stéphane Lafleur, s’est attaqué à son premier long métrage avec le mot plate dans la tête. Des discussions d’une banalité incroyable, des décors ordinaires, des plans de caméra fixes et totalement dépourvus d’intérêt. Plate, banal, ordinaire sont les mots d’ordres du film. Les acteurs ne se permettent aucune saute d’humeur, ni sourire trop grand. Le scénario : « J’ai déjà eu un chum allergique aux peanuts ». Rien n’a été oublié ou négligé, la platitude est complète et partout. Ma vie de comptable de 8 à 5 ressemblait à celle de Jack Bauer en comparaison avec la vie des personnages du film.
La grande question : est-ce que ça marche? Est-ce que le public aime regarder des décors bruns pendant 103 minutes? Je dirais ça dépend. Certains ont détesté ce film, le trouvant... trop plate. J’ai par contre beaucoup aimé. Un moment donné, je m’attendais à un revirement, je me suis dit « là, il va arriver quelque chose et ça va tout bouleverser ». J’ai passé la moitié du film à me faire mon cinéma, à attendre des choses qui n’arriveront jamais. La scène la plus longue du party de bureau est celle où seulement deux personnes sont arrivées et attendent les autres. Un malaise sur pellicule. Le réalisateur ouvre des portes immenses où le film pourrait prendre une tournure dramatique, intéressante ou captivante. Cette porte ne sera jamais traversée.
En conclusion, un beau film, finement réalisé et écrit, très professionnel où rien n’est laissé au hasard. Faites-vous plaisir, faites travailler votre imagination et louez Continental, un film sans fusil.
Si le public est mitigé face au film, l’académie a adoré. Continental a remporté les trois honneurs les plus prestigieux du gala des Jutras 2008, soit film de l’année, meilleur réalisateur et meilleur scénario. Il est à noter que le prix de meilleur réalisateur était d'autant plus grandiose car Stéphane Lafleur était en compétition contre trois monstres sacrés du cinéma québécois, Denys Arcand, Fernand Dansereau et Bernard Émond.
[Source : cinoche.com]
Dernière modification le 26/09/2008 @ 13:30 par Nick